La procrastination (partie 1)
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En 2011, une amie m’a demandé de prendre en charge l’écriture d’un texte consacré à la procrastination. Vu qu’à l’époque, je pouvais en mon âme et conscience déclarer : « Procrastination ? Mais je ne suis pas concernée ! », la première mouture de ce texte fait partie des articles dont je suis le moins fière.
Et pour ajouter à ma disgrâce, il était destiné à faire partie d’un ouvrage collectif imprimé sur du vrai papier (ça, ça fait vraiment sérieux quand même !), par un éditeur reconnu, etc. J’espère que la personne chargée de la compilation a décidé de l’écarter. Je n’ai même pas eu le courage de vérifier en recevant mes exemplaires d’auteur.
Je l’ai déterré dans l’espoir – qui fut à mon avis déçu – d’aider une autre amie à collationner des photos pour les rassembler en un bel album à diffuser au sein de sa famille. Elle devait fournir les images à un cousin pour l’étape suivante et malgré un délai très court (deux jours), n’arrivait pas « à s’y mettre », comme on dit.
Définition
Une bonne définition de la procrastination pourrait être la suivante : « Procrastiner, c’est substituer à des tâches prioritaires d’autres qui sont inutiles, voire contre-productives, et qui retardent l’exécution des actions qui doivent être effectuées. »
Sans vous donner d’exemples concrets tirés de l’état de mon bureau, ce que je trouverais trop déprimant, vous pouvez dire que la procrastination se met en place dès que n’importe quelle action devient plus attractive que la tâche que vous devez effectuer.
Si vous avez à l’esprit ou sous les yeux une boîte aux lettres à repeindre, des factures à encoder, des formulaires à compléter et que vous faites quoi que ce soit, n’importe quoi, qui peut être classé dans la catégorie inutile ou qui n’apparaît pas sur votre liste d’objectifs à court terme, vous comprenez parfaitement ce qu’est la procrastination. C’est ça :
- – Vous faire un café pour vous motiver à payer les factures. Le temps de revenir avec votre tasse, vous avez préféré balayer la cuisine…
- – Surfer sur le site de la BBC pour apprendre comment réaliser des toasts aux pleurotes au Taleggio (leurs émissions culinaires sont extraordinaire) alors que les factures de carte de crédit à classer et vérifier s’entassent à votre droite.
- – Faire des maths avec votre fille en évitant ainsi de rappeler votre sœur qui a certainement encore un service à vous demander (elle ne téléphone jamais que pour cette raison !) mais qui pourrait aussi avoir des nouvelles de votre père, âgé et malade.
Ces exemples sont volontairement choisis pour ne pas être notés sur la listes des choses qui doivent être faites dans un délai court ou bien défini. Ces tâches sont incontestablement utiles mais pas autant que terminer de repeindre la boîte aux lettres (une moitié rouge foncé, une moitié verte. Original.) ou s’occuper des factures et formulaires.
La procrastination c’est donc remettre à plus tard des tâches importantes.
Depuis les quatre dernières années, ma vie est devenue considérablement moins facile et je crains d’avoir beaucoup perdu en organisation, en gestion du temps… et j’ai constaté avec horreur que je m’étais mise, moi aussi, à procrastiner certaines tâches.
Chez moi, c’est principalement le courrier imprimé qui souffre. En particulier s’il y a des formulaires à remplir ou si la lettre émane d’une administration. Dans les deux cas, je devrai me débattre avec un document incompréhensible potentiellement source d’ennuis.
Ma stratégie – que je ne vous recommande pas – a longtemps été la suivante : déposer le courrier bien en vue sur mon bureau, avec la promesse faite à moi-même de m’en occuper dès que…
Évidemment, le retour de bâton ne s’est pas fait attendre :
- Perte d’argent pour cause de facture non contestée ou payée / formulaire non rempli
- Déception d’amies à qui je n’ai jamais retourné leurs vœux
- Courroux d’une tante qui attend toujours mes condoléances, d’autant plus que je n’ai pas assisté aux obsèques
- Convocation non honorée dans une administration
Bref, en gros, les conséquences principales sont de deux type : perte d’estime (de soi ou des autres) ou perte d’argent.
Dans la première version j’avais fait une liste de ce qui peut provoquer ou aggraver la procrastination :
Les facteurs aggravants
– un manque de motivation surtout si des activités plus tentantes sont présentes.
– des objectifs irréalistes, ou dont l’importance est sous-estimée
– des échéances floues qui n’incitent pas à agir, des difficultés à évaluer la durée d’une tâche, ou une tendance à la sous-estimer
- une mauvaise perception des obstacles (en particulier la sous-estimation du temps perdu)
- un système complexe (ex: administrations)
Or la première chose à faire lorsque l’on se fixe un but, c’est précisément de déterminer les bénéfices versus inconvénients, d’avoir des objectifs précis avec une échéance claire et divisés en tâches secondaires dont la réalisation a également été prévue. On ne devrait pas se lancer dans un chantier dont on sous-estime la complexité.
Souvent le problème se trouve dans l’évaluation. Il produit un décalage entre l’objectif et la capacité de réalisation et finalement du découragement.
Le syndrome de l’étudiant est une forme particulièrement documentée de procrastination. Les personnes dont le travail va être évalué, sont particulièrement touchées, surtout si elles sont perfectionnistes.
En outre, la procrastination frappe particulièrement les personnes atteintes de TDA/H du fait de leur faible capacité à filtrer les stimuli distrayants.
Il est donc important de construire un plan et donner des priorités, puis de voir comment respecter ceux-ci.
Selon votre tendance à être plutôt trop détendu ou plutôt anxieux face aux échéances, certaines stratégies proposées dans le prochain article seront plus adaptées.
Merci pour ce très bel article !
Le perfectionnisme est une forme de procrastination, surtout s’il n’y a pas de « deadline », d’échéance à respecter absolument.
On se dit qu’on peut améliorer encore, qu’il y a encore ça, ça et ça à changer et au final, on se dit qu’on n’est pas encore prêt, que ce n’est pas suffisant.
C’est comme écrire ses premiers articles de blog :-). On peaufine, on reformule, on cherche la bonne illustration, on change la conclusion, on enlève la blague au milieu, on change l’introduction, on remet la blague au milieu … En fait, on repousse juste le moment où l’on va publier et que des personnes vont lire …
Le perfectionnisme c’est juste une manière de repousser l’échéance pour ne pas être confronté à l’évaluation du résultat.
Mais une fois qu’on en a conscience, c’est plus facile d’y remédier 🙂
Merci pour votre passage et votre commentaire qui me vont droit au coeur.
J’espère vous voir revenir et que vous « aimerez » la page https://www.facebook.com/organisons.nous/ où j’annonce quand de nouveaux articles sont disponibles 🙂